Été 2024

Publié le 1er septembre 2024

Que votre rentrée soit aussi souriante que toutes ces jeunes participantes récompensées lors du dernier CIJM !

Alors que l’été touche tranquillement à sa fin, qu’élèves et étudiant·es profitent de leurs dernières journées de vacances tandis que la plupart des adultes qui les entourent ont majoritairement déjà retrouvé le chemin de leurs lieux de travail, cette revue de presse reprend les actualités estivales ayant touché le monde des mathématiques durant les deux mois écoulés. Comme vous le lirez ci-après, on n’aura évidemment pas pu échapper aux jeux olympiques et paralympiques, ainsi qu’aux nombreuses compétitions mathématiques qui émaillent traditionnellement les mois de juillet et d’août.
Cependant, lorsque celles-ci permettent d’obtenir des photos aussi belles et fortes de sens que celle (prise lors de la finale de la 38e édition internationale des jeux mathématiques et logiques) qui ouvre cette édition de la revue de presse, il serait dommage de ne pas s’en réjouir. Une équipe entièrement constituée de jeunes mathématiciennes récompensées lors d’un tournoi international, manifestement heureuses d’être là où elles sont, et réellement soutenues par des fonds publics (représentés ici par l’École Polytechnique, où s’est tenue la finale susmentionnée) et privés (représentés ici par l’une des membres du personnel de direction d’Engie), n’est-ce pas ce que l’on aimerait voir comme un heureux présage en cette veille de rentrée des classes ?

On peut se prendre à espérer que ce soit le cas, mais il serait de mauvais ton d’oublier que cette rentrée est aussi synonyme de remise en route de réformes hautement contestées par les enseignant·es et les parents, d’un désamour de plus en plus marqué pour les métiers de l’enseignement (notamment des mathématiques : l’édition 2024 du CAPES externe de mathématiques voit un peu plus de 200 postes non pourvus, au bénéfice des filières de l’ingénierie, comme nous le rappellent le journal Libération ou le site d’informations VousNousIls) de coupes budgétaires diverses et variées dans différents champs de la vie publique (enseignement et recherche inclus, bien entendu), sans omettre la poursuite de conflits génocidaires à différents endroits du globe… On peut cependant toujours compter sur Le Gorafi pour nous redonner le sourire, (gentiment) aux dépens des Jeux Olympiques et d’Hugo Duminil-Copin.

Entre nouvelles réjouissantes et informations plus tristes, voire passablement énervantes, la revue de presse de cette rentrée 2024 s’annonce donc riche en émotions : il est temps pour nous de vous laisser la découvrir ! 

À la une

Rentrée scolaire : on ne sait pas où l’on va, mais on y va !
Cela fait maintenant deux mois que les urnes ont rendu leur verdict électoral, mais le président de la République française n’a toujours pas daigné nommer de Première ministre, laissant le pays dans une situation inédite, et des décisions importantes se retrouvent prises sans vergogne par un gouvernement démissionnaire qui laissent la population sans perspective d’avenir claire.
C’est en particulier le cas du côté de l’enseignement, où certaines annonces faites par Nicole Belloubet, ancienne ministre de l’Éducation nationale, lors de sa conférence de presse du 27 août peuvent laisser perplexe, et risquent de favoriser un contexte de rentrée explosif. Qualifié de « conférence de presse de rentrée lunaire » par une journaliste du Figaro, cet événement a permis à Nicole Belloubet de présenter une « vision de l’école qui diffère sensiblement de celle de Gabriel Attal » (Premier ministre démissionnaire), selon un article du Monde daté du même jour🔒, qui cite comme réussite majeure de l’exercice de l’ancienne ministre son souci de « marquer un apaisement dont notre système a profondément besoin» . Cela semble quelque peu en décalage avec ce que l’on peut lire par exemple sur France TV info ou sur BFM TV, à savoir que l’objectif de Nicole Belloubet, selon qui « la rentrée est prête », lors de cette conférence était de « défendre les dernières réformes engagées, préciser les nouvelles mesures marquantes, tout en exprimant certaines inquiétudes quant au budget de son ministère ». Notons tout de même que deux des changements majeurs qui devaient prendre place à la rentrée 2024 (à savoir la réforme des concours de recrutement des enseignant·es des premier et second degrés, et l’obligation de détenir un brevet des collèges pour entrer au lycée) sont actuellement « gelés » dans l’attente de la prise de fonctions (qui tarde…) d’un nouveau gouvernement, apte à mener les débats sur les éventuelles modalités de mise en œuvre de ces deux réformes, et que c’est alors qu’elle doit céder la place que l’ancienne ministre de l’Éducation nationale « a fermement demandé que ce dernier soit « a minima sanctuarisé » dans le prochain projet de loi de finances », selon les termes de cet article paru dans l’Express🔒 du 27 août.
Et tandis qu’une dépêche de l’AEF datée du 10 juillet 🔒 nous apprend que les nouveaux programmes scolaires sur lesquels se base le Choc des savoirs, si cher à l’ancien Premier ministre, voient leur mise en œuvre repoussée à la rentrée 2025, un article paru le 27 août dans le quotidien Ouest-France 🔒 annonce que « les très décriés groupes de besoin seront bien déployés au collège», mais « seulement » pour les classes de 6e et de 5e, et « à la discrétion du principal de l’établissement » : de quoi raviver les inquiétudes des parents, chef·fes d’établissement et enseignant·es, à l’heure où les effectifs du corps professoral sont clairement insuffisants pour mener à bien cette transformation. Rendez-vous dans la rubrique « Enseignement » de cette revue de presse pour plus d’informations à ce sujet sous haute tension…

Lorsqu’un « petit mathématicien » résout un problème datant de… 1935
Cet été, le journal Le Monde a consacré une série de six articles à des « cold cases » scientifiques, et le deuxième de la liste🔒, mentionné aussi dans l’édition du 23 juillet du magazine Capital ainsi que sur le site paiiap, concerne les mathématiques ! On y découvre comment l’énigme numéro 19 du « Scottish Book » (ou Livre écossais en version française), un grand cahier dans lequel des mathématiciens polonais des années 1930 consignaient des problèmes leur paraissant dignes d’intérêt, et qui est passé à la postérité grâce au travail de Stanislaw Ulam (qui a assuré la promotion et la traduction des 193 énigmes de ce cahier, et dont la majeure partie des énoncés qu’il contient restent obscurs aux yeux de la plupart des mathématicien·nes), a résisté pendant près de 90 ans avant d’être résolue par un collègue de l’Université d’État de Kent (Ohio, États-Unis).

Un « petit mathématicien » très chanceux, selon ses propres mots

Dmitry Ryabogin, puisqu’il s’agit de lui, se présente modestement comme « un petit mathématicien » et affirme que « Jamais [il] n’aurai[t] dû résoudre un tel problème » : « Il a été posé par un génie, entouré d’autres génies. De grands esprits s’y étaient cassé les dents. Alors pourquoi moi ? Ne cherchez pas : c’est la chance ! » Nous sommes convaincu·es, à Images des mathématiques, qu’il faut un peu plus que de la chance pour établir « Une démonstration historique, au sens propre du terme », selon les termes d’Étienne Ghys, parue en avril 2022 dans la prestigieuse revue Annals of Mathematics. Désormais, on sait grâce à lui si un solide de densité uniforme qui flotte dans l’eau dans toutes les positions est nécessairement une sphère ou non : nous vous laissons le plaisir de découvrir par vous-mêmes cette réponse dans les (titres des) articles sus-mentionnés, dans cet exposé donné par le mathématicien à ce sujet en fin d’année dernière, ou encore dans cette publication en date du 18 novembre 2022 du site MathStatBites. Une belle histoire de persévérance et de mathématiques qui met de bonne humeur en cette fin d’été !

Vie de la recherche

Une communauté mobilisée entre les deux tours des élections législatives

L’entrée dans l’été 2024 a été marquée par une forte inquiétude quant à l’avenir politique de la France, suite à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale et la convocation de nouvelles élections législatives par le président de la République, qui a secoué toutes les couches de notre société, et en particulier les membres de la communauté mathématique (et plus généralement scientifique) française. Nombre de communications en ont émané durant la première semaine de juillet (à la suite de ceux parus dès la fin du mois de juin, dont nous vous parlions dans la précédente édition de cette revue de presse) : on peut par exemple signaler les communiqués publiés par France Universités (1er juillet), de l’Académie des Sciences (3 juillet), ou encore par le CNRS (4 juillet, beaucoup plus timide – voire timoré – que les deux précédents), ainsi que la tribune parue le 4 juillet dans Médiapart à l’initiative des membres de la communauté œuvrant pour la culture scientifique, regroupant notamment associations que l’on connait bien (comme Science ouverte) et collègues mathématiciens (ou non). Certaines personnes sont vraisemblablement allées trop loin et ont outrepassé leurs prérogatives, comme ces présidents d’université ayant directement écrit aux étudiant·es de leurs établissements pour leur donner des consignes de vote, mais l’inquiétude était réelle et la mobilisation des électeurs et des électrices semblait avoir permis d’éviter que le soir du 7 juillet ne marque un tournant dramatique dans l’histoire de notre pays. L’indifférence butée de l’actuel Président de la République, peu enclin à suivre le verdict des urnes, risque de faire regretter à plus d’une personne de s’être déplacée pour voter en ce deuxième dimanche de juillet 2024, et de compromettre sérieusement le résultat des prochaines élections nationales… Nous ne pouvons qu’espérer que la situation se débloque rapidement et de manière constructive.

Des classements en pagaille, de Leiden à Shanghaï

Comme tous les ans, nombre d’institutions publient divers classements ayant pour prétention de comparer la qualité des établissements de recherche et d’enseignement supérieur de par le monde. Dans le lot, deux d’entre eux sont toujours fébrilement attendus par les adeptes de cet exercice : celui établi par Centre for Science and Technology Studies (CWTS), connu sous le nom de Classement de Leiden, et celui officiellement nommé Academic Ranking of World Universities, et officieusement connu sous le nom de Classement de Shanghaï.
L’édition 2024 du classement de Leiden permet au Ministère français de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) de souligner, dans un communiqué de presse du 3 juillet, que « la stabilité du nombre d’établissements français dans le classement Leiden 2024 confirme la reconnaissance scientifique de la France à l’international. » Il rappelle aussi les critères majeurs pris en compte pour l’établissement de ce classement (« le volume de publications et leur impact, le degré de collaboration, le degré d’ouverture des articles scientifiques et la part de femmes parmi les auteurs ») et les champs disciplinaires concernés (parmi lesquels on trouve bien sûr les mathématiques). La présence de 32 (groupements d’)établissements français parmi les 1506 institutions classées est un motif de réjouissance pour le MESR : espérons qu’il sera aussi une source de motivation pour augmenter significativement le budget alloué au financement de la recherche et de l’enseignement supérieur publics à l’intérieur et en dehors de ces super structures.

Le classement de Shanghaï, un baromètre biaisé mais incontournable

Les résultats du classement de Shanghaï 2024, publiés le 15 août dernier, sont source de  « fierté pour la France »  selon cet article de Campus France. Celui-ci affirme qu’ « avec quatre établissements qui progressent dans le Top 100 et un total de 25 universités et écoles distinguées, les résultats de l’Academic Ranking of World Universities (ARWU) 2024 sont une nouvelle reconnaissance de l’excellence de l’enseignement supérieur français. » L’honnêteté les pousse tout de même à pointer le fait que les quatre (groupements d’)établissements du Top 100 sus-mentionnés sont tous situés en Ile-de-France, et nous nous permettons de rappeler que ceux-ci ont été restructurés au cours des dix dernières années dans le but d’atteindre spécifiquement cet objectif. Dans ce contexte, le journal Les Echos fait honneur à son nom par cet article mis en ligne le 15 août, en reprenant les conclusions tirées de ce classement par le MESR et en regardant ce qui se passe du côté des États-Unis (qui monopolisent les premières places, comme à l’accoutumée) et de la Chine, qui poursuit sa montée en puissance.
Si l’on se souhaite se pencher spécifiquement sur ce que donnent ces classements pour notre discipline, il nous faut patienter encore un peu, car les résultats de l’édition 2024 du Global Ranking of Academic Subjects (versant disciplinaire du classement de Shanghaï) n’ont pas encore été mis en ligne. Affaire à suivre !

Parité
La Société Mathématique de France (SMF) et l’association Femmes et Mathématiques ont coordonné leurs efforts pour publier cet été un numéro spécial de la Gazette de la SMF : intitulé « Pour la parité en sciences », il « a pour but de présenter au public francophone les résultats du projet triennal (2017-2019), financé par le Conseil international des sciences, avec la participation de onze organisations scientifiques partenaires, dont l’Union mathématique internationale et le Conseil international des mathématiques industrielles et appliquées ainsi que l’Unesco. L’objectif principal du projet était d’étudier les inégalités femmes-hommes dans les disciplines scientifiques de ces organisations sous différents angles, à l’échelle mondiale. »
Le constat est malheureusement sans appel, puisque « les conclusions du projet sont donc que les inégalités femmes-hommes dans les sciences sont une réalité flagrante », mais pas sans espoir :  ce volume de 172 pages regroupe en effet « des méthodologies, des idées et des outils développés dans le cadre du projet, ainsi qu’un ensemble de recommandations pour différentes audiences : enseignant·es et parents ; établissements d’enseignement et de recherche ; unions scientifiques et autres organisations internationales exerçant des responsabilités en termes de politique scientifique ». Il n’y a plus qu’à les mettre en œuvre maintenant, afin que cet entretien, diffusé le 10 août dernier sur France Culture, avec Marina Gruet (doctorante en mathématiques appliquées) et Brigitte Zanda (enseignante-chercheuse au Muséum d’histoire naturelle), sobrement intitulé « Sciences : deux chercheuses témoignent d’un univers encore bien trop masculin » puisse être bientôt considéré comme relevant d’une époque révolue. A votre échelle, vous pouvez par exemple encourager les lycéennes de votre entourage à candidater aux Rendez-vous des Jeunes Mathématiciennes et Informaticiennes (RJMI), dont les inscriptions pour la saison 2024/2025 viennent d’être ouvertes !

Les inscriptions pour les RJMI 2024/2025 sont ouvertes !

Et aussi, cet été...

Recherche et applications

Les maths s’invitent aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024

Paris accueille les J.O.P 2024

À moins d’avoir passé ces derniers mois dans une grotte isolée de tout et de tou·te·s, il est impossible d’avoir raté l’un des événements sportifs majeurs de l’année 2024 : Paris accueille en effet cet été les Jeux Olympiques et Paralympiques, et nous avons pu constater avec joie que les sciences n’ont pas été écartées de l’actualité pour autant ! Les J.O.P. fournissaient une occasion unique de décrypter les performances des athlètes par le prisme de la science.

Dans ce contexte, nous avons en particulier eu grand plaisir à retrouver la mathématicienne Amandine Aftalion dans de nombreux médias, et son livre Pourquoi est-on penché dans les virages ? Le sport par les sciences en 40 questions – dont nous avons parlé à de nombreuses reprises dans cette revue de presse, et qui explique de manière pédagogique comment les athlètes réussissent leurs exploits sportifs, n’est pas passé inaperçu : une édition en mandarin en a même été récemment publiée !

L’édition chinoise (mandarin) du dernier ouvrage d’Amandine Aftalion

Le journal Le Point a publié cet été divers articles inspirés par ces travaux : les cyclistes apprendront par exemple ici🔒 qu’il « vaut mieux se trouver derrière que devant » dans un peloton et qu’il vaut mieux ne pas trop baisser la tête sous peine d’augmenter la traînée. Si la course à pied vous intéresse plus, rendez-vous 🔒 pour comprendre pourquoi les sprinteurs et sprinteuses ralentissent en fin de course.

La chaîne BFMTV a quant à elle pu bénéficier des lumières d’Amandine Aftalion à l’occasion des prouesses du nageur Léon Marchand : la mathématicienne souligne en effet, lors d’un passage le 1er août,  la technique parfaite du jeune homme dans les quatre nages. Elle ajoute que la motivation – dont elle affirme possible la mise en équations – compte « car le cerveau donne les instructions aux muscles et quand on est motivé le cerveau donne les instructions de manière différente. » Elle explique aussi l’importance ses coulées, désormais presque légendaires : « Nager sous l’eau cela permet de nager plus vite. Pourquoi ? La résistance de l’eau sous l’eau est plus faible que quand on nage à la surface. » Or, ces coulées sont extrêmement efficaces chez ce multi-médaillé, grâce à sa morphologie, sa souplesse et sa technique.

La nageuse australienne Jenna Strauch

Ces questions d’optimisation de la nage étaient l’objet du programme de recherche Neptune, lancé en 2020 pour une durée de 4 ans et un budget de 1,5 millions d’euros. Comme expliqué sur le site du ministère de la Recherche, ce projet a trois objectifs : améliorer le suivi automatique des nageurs (via de nouveaux dispositifs et des systèmes d’IA), déterminer les meilleures stratégies de course possibles (comme, par exemple, une trajectoire optimale), et faire de l’eau la meilleure alliée des athlètes en en minimisant la résistance. On apprend par exemple, dans un article de Louise Guyonnet paru dans Science&Vie le 30 juillet dernier, qu’« En filmant plusieurs départs de Maxime Grousset, nageur français spécialiste du 50 m et 100 m nage libre et du 50 m et 100 m papillon, il a été possible de trouver les mouvements, leur fréquence et leur profondeur lui permettant d’atteindre une vitesse optimale ». Ces travaux se sont avérés payants puisque ce nageur a remporté la médaille d’argent aux championnats du monde en 2022.

Un problème de castors

Pas le temps de raconter des histoires pour le père castor bien occupé

« Combien d’opérations peut faire un ordinateur avant de s’arrêter ? Une équipe d’informaticiens amateurs et passionnés a réussi à démontrer une conjecture considérée comme un Everest du domaine » :  le défi du castor affairé (ou Busy Beaver game) fait l’objet d’un article du journaliste David Larousserie dans l’édition du 17 juillet du journal Le Monde🔒. Depuis 1962 et sa description dans un article du mathématicien hongrois Tibor Radó, ce jeu vous met au défi de trouver le programme informatique qui s’arrête en parcourant le plus grand nombre possible d’étapes, sans tourner indéfiniment, et à partir d’un nombre donné d’états possibles.

David Larousserie se lance quant à lui le défi de nous présenter de manière accessible ce problème assez pointu, et explique tout d’abord dans son article que « Turing montre qu’il est impossible de trouver un programme qui dise si un autre programme va s’arrêter ou non. Le problème du castor affairé (« busy beaver » en anglais ou BB pour les intimes) présente une autre impossibilité : calculer le plus grand programme « utile », celui qui fait bouger le plus le ruban avant de s’arrêter et de donner la réponse. Tibor Radó a démontré que cette fonction n’était pas calculable : il est impossible de trouver toutes ces valeurs par une suite d’opérations. »

Pour des machines à deux, trois ou quatre états, le problème du castor avait déjà été résolu. Celui d’une machine à cinq états (connu sous le petit nom de BB(5)) a rejoint la liste des cas connus au début du mois de juillet 2024, grâce au travail sur Coq/Rocq d’une équipe d’une vingtaine de personnes rassemblées autour de Tristan Stérin, cofondateur de l’entreprise de logiciels PRGM : elles ont démontré que le nombre d’étapes maximal était égal à … 47 176 870.
Comme on peut aisément l’imaginer, « L’aventure n’a pas été simple. Impossible de faire tourner 16 000 milliards de programmes pour voir lesquels s’arrêtent. Les « trappeurs » ont donc mis au point des « filets », appelés « décideurs » », soit des programmes permettant d’identifier les algorithmes inarrêtables… et parfois quelques surprises sur la route ! On apprend en effet qu’« il est resté au moins deux programmes très retors. L’un se met en boucle toutes les 8 468 569 863 opérations, mais seulement à partir d’un nombre gigantesque d’étapes (plus d’un million de milliards de milliards). Trompeur. » Mais après quelques efforts supplémentaires et l’utilisation de l’assistant de preuve Coq/Rocq, voilà la chasse à BB(5) terminée !

La prochaine étape serait-elle donc de (tenter de) résoudre BB(6) ? Si l’on en croit les propos de David Larousserie,« Pas sûr que ce nouvel Everest soit accessible. […] Prouver que ces castors ne s’arrêteront jamais de courir serait aussi dur que démontrer des conjectures mathématiques qui résistent, comme celle dite « de Collatz ». » De quoi faire rêver quelques générations supplémentaires de mathématicien·nes…

Des questions de maths et d’informatique

Qu’est-ce que la logique et le raisonnement automatique ? À l’occasion de l’organisation à l’INRIA de Nancy de la quinzaine internationale de la logique et du raisonnement automatique, les journalistes de France 3 Grand Est s’interrogent sur la définition et les objectifs de cette discipline, entre mathématique et informatique. Selon Stephan Merz, directeur de recherche INRIA et responsable de l’équipe Veridis, elle « permet de donner des outils essentiels pour résoudre des problèmes complexes de manière méthodique et rigoureuse ». La journaliste Malika Boudiba affirme quant à elle que « le raisonnement automatisé est le domaine de l’informatique qui tente de fournir des garanties sur ce qu’un système ou un programme fera ou ne fera jamais. »
Cet article est aussi l’occasion de présenter quelques applications de ce domaine : transports, finance, stockage en ligne, programmation. Pour celle-ci, « la logique est utilisée pour écrire des algorithmes et des programmes informatiques. Le raisonnement automatique permet de vérifier la validité des programmes. »

Et aussi, cet été...

Toujours plus de sports…

  • Notre époque est-elle celle qui verra la fin des records mondiaux ? La réponse se trouve peut-être dans l’épisode du 4 août de la série documentaire « Les docs nature» de Brut, où l’on retrouve notamment Amandine Aftalion, une fois de plus.
  • Le titre de la chronique aoutienne de Sylvie Benzoni-Gavage pour Sciences et Avenir annonce la couleur : « Maths et sports : tout est dans le contrôle ».
  • Dans son édition du 27 juillet, le journal Les Échos dresse un portrait de Chloé Pelle, vice-championne olympique de rugby et centralienne.

… mais pas que !

  • Quand un mathématicien espagnol fait le buzz sur TikTok : l’une des dernières vidéos postées par Método Smartick, habitué des courtes vidéos de mathématiques en espagnol, fait parler d’elle dans le mensuel d’automobiles Auto Plus et dans le magazine féminin Marie France. En cause : sa preuve du fait que rouler à 140 km/h au lieu de 130 km/h ne fait gagner que deux secondes par kilomètre parcouru. Une grande découverte, pas vrai ?
  • Toujours dans les transports, un article de notre collègue Charlotte Mauger, paru dans le numéro 561 du magazine Pour La Science, explique comment les travaux de Cécile Appert-Rolland et de ses collègues de l’Université Paris-Saclay permettent d’améliorer les modèles de prédiction de mouvements de foule en heure de pointe.
  • Contrairement à ce qu’affirment régulièrement certains médias, la suite de Fibonacci n’est PAS partout : cet article du 12 août de Science Post nous permet de découvrir une plante fossile (de plus de 400 millions d’années) qui, contrairement à ses descendants crucifères et à une grande partie des végétaux contemporains, ne présente pas la célèbre spirale de Fibonacci. De quoi remettre en cause le dogme voulant qu’au vu de sa large répartition, cette organisation spiralaire typique devait être très ancienne… et ouvrir de nouvelles perspectives en histoire végétale !
  • Mistral IA a annoncé, le 16 juillet dernier, la sortie de deux nouveaux modèles Open Source d’IA : à retrouver dans cet article du site d’informations ActuIA

Enseignement

Baccalauréat et Brevet des collèges 2024 : le grand écart

Gabriel Attal, alors Premier ministre, l’avait annoncé en mars dernier : les résultats du brevet des collèges seraient moins bons cette année que lors des précédentes éditions, et force est de constater que sur ce point, sa prédiction s’est révélée correcte. L’édition du 12 juillet du journal Ouest-France et celle parue le même jour du journal les Echos reviennent sur les raisons de cette baisse, qui voit tout de même 85,6% des candidat·es décrocher ce premier diplôme. Il est cependant heureux pour les collégien·nes de 3e resté·es sur le carreau que, comme rappelé dans l’édition du 2 juillet du journal Le Monde🔒, la mise en place du « brevet couperet » (dont l’obtention serait nécessaire pour entrer au lycée) conforme aux vœux de l’ancien chef du gouvernement soit actuellement gelée, faute de gouvernement effectif pour débattre de cette question épineuse.
Du côté de l’édition 2024 du baccalauréat, par contre, les taux de réussite sont encore en hausse puisque l’on se retrouve cette année avec un pourcentage de 91,4% d’admis·es, toutes filières confondues ! Le taux de réussite est encore plus faramineux du côté du baccalauréat général, où 96,1% des candidat·es ont décroché ce diplôme. Des informations détaillées sur ces différents pourcentages sont disponibles dans la note d’information 24.29 publiée en juillet dernier par le ministère de l’Éducation nationale, et sont repris de manière plus synthétique dans cet article paru le 27 août sur le site du Café pédagogique. Le site France Info TV présente les résultats de cette session académie par académie, et propose déjà une ligne temporelle précisément datée pour l’édition 2025 de cet examen : de quoi rassurer ou inquiéter les plus angoissé·es d’entre nous.

Edition 2024 du CAPES externe : la pénurie perdure, notamment en mathématiques

Les résultats de la dernière session du CAPES externe de mathématiques, qui est (avec l’agrégation externe de mathématiques) l’un des deux concours majeurs de recrutement de professeur·es de mathématiques pour l’enseignement secondaire (collège et lycée), ont encore fait couler beaucoup d’encre cet été. Bien que plusieurs disciplines soient touchées, c’est en mathématiques que le déficit de recrutement est le plus marqué, avec 209 postes non pourvus cette année, comme le rappelle cet article de France Info TV daté du 2 juillet, soit deux fois plus qu’en lettres (classiques et modernes). L’ironie de la situation pourrait prêter à sourire si elle n’avait pas un impact potentiellement dramatique sur l’avenir de nos élèves : n’est-ce pas ironique, en effet, que les deux disciplines les moins bien pourvues soient celles concernées par les groupes de besoin/niveau chers à l’ancien premier ministre et à son ancienne ministre de l’Éducation nationale ?
Afin de tenter de déterminer quelles raisons peuvent expliquer cette pénurie qui dure et s’intensifie, puisqu’un poste sur huit n’a pas été pourvu lors de la session 2024 du concours (toutes disciplines confondues, ce qui représente tout de même 635 postes), le journal Libération a rencontré Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques : parmi ses propos repris dans cet article du 9 juillet🔒, elle pointe notamment du doigt « des salaires trop bas et des réformes engagées «à la va-vite» », et« plaide pour une refonte des modes de recrutement ». Même son de cloche du côté du journal l’Humanité, dans un article en date du 3 juillet qui s’appuie sur les propos tenus par Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. En particulier, on y rappelle que selon les résultats d’un sondage Ipsos mené il y a deux ans, « Ce n’est pas le niveau d’étude requis pour passer le concours qui rebute les étudiants, mais bien le niveau de salaire insuffisant, les conditions de travail difficile au quotidien, et le manque de reconnaissance du métier d’enseignant qui constituent chez les étudiants les trois principaux facteurs – et de loin – du rejet du métier d’enseignant ». Là encore, un constat ironique quand on se rappelle que « Le gouvernement avait pourtant assuré [que] cette année scolaire devait être consacrée à la question de l’attractivité du métier»… La rentrée s’annonce donc difficile, selon Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa : comme elle l’affirme selon cet article paru le 3 juillet dans le journal La république du centre, « Cela augure d’une rentrée qui va se préparer difficilement, notamment dans certaines disciplines avec la mise en place de groupes de niveau au collège qui nécessitent un volume supplémentaire d’enseignants en lettres et en mathématiques. Cela va être très difficile, car on ne les a pas, ces enseignants. » Nicole Belloubet, ancienne ministre de l’Éducation nationale, prétend quant à elle que « le fait que certains postes ne soient pas pourvus aux concours ne signifie pas pour autant qu’il manquera des enseignants dans les établissements à la rentrée », comptant bien entendu sur le recrutement massif d’enseignant·es contractuel·les par les rectorats des diverses académies déficitaires, voire sur le rappel d’enseignant·es à la retraite. Difficile d’être serein·e dans de telles conditions, pas vrai ?

Parité : un avenir plus sombre dans la tête des filles que dans celle des garçons, surtout en mathématiques

La Note d’Information numéro 24.34, publiée il y a quelques jours par le ministère de l’Éducation nationale, présente les résultats d’une enquête menée en septembre 2023 par la DEPP auprès de 2,3 millions d’élèves scolarisé·es en classes de sixième, de quatrième, de seconde et de première année de CAP. Il est affligeant d’y lire encore que « quel que soit leur niveau de performance, notamment en mathématiques, les filles se déclarent moins confiantes que les garçons dans leurs performances aux évaluations. De même, à tous les niveaux interrogés, elles se projettent dans l’année scolaire de façon moins sereine que les garçons. » Concernant plus spécifiquement les élèves de seconde générale et technologique, on retrouve cette confirmation que « les filles envisagent plus fréquemment une poursuite dans la voie générale et, le cas échéant, optent moins souvent pour les mathématiques comme enseignement de spécialité en première. En seconde professionnelle et CAP, elles envisagent plus souvent que les garçons une poursuite d’études. » Ces résultats vont dans le même sens que ceux publiés dans le numéro spécial de la Gazette de la SMF (dont nous vous parlons dans la rubrique « Vie de la Recherche » de cette revue de presse), et que nombre d’études menées ces dernières années sur les différences de perception des études en général et des mathématiques en particulier selon le genre. Il est malheureusement à craindre que le climat actuellement tendu dans lequel va se dérouler la rentrée 2024 ne favorise pas une évolution positive de la situation.

 

Et aussi, cet été...

  • Aller en classe malgré la guerre, et tenter d’apprendre envers et contre tout, c’est le quotidien des enfants palestiniens survivants de la bande de Gaza, relaté dans cet article paru le 6 juillet 🔒dans les colonnes du journal Le Parisien.
  • Les élèves des écoles publiques portugaises semblent en (très) grande difficulté face aux mathématiques, et celles et ceux issu·es des classes les plus défavorisées sont le plus en difficulté : cet article paru le 12 juillet sur le site d’informations The Portugal News liste les performances réalisées par les élèves de 9ème année en portugais et en mathématiques, et les résultats ne sont pas sans rappeler tristement ce qui se passe en France.
  • À l’occasion de la Journée du Savoir, un collègue tunisien s’interroge sur l’avenir de l’enseignement des mathématiques face à une économie du savoir basée sur l’IA : un article intéressant publié le 24 août sur le site Réalités Online, dans lequel est notamment cité l’exemple d’Ahmed Abbès, désormais directeur de recherche à l’IHES, et dont la portée va en partie bien plus loin que le cadre purement tunisien dans lequel elle semble s’inscrire a priori.
  • Un tableau permettant d’identifier de manière efficace les modifications apportées au programme d’enseignement scientifique de terminale : c’est le fruit du travail d’une équipe d’enseignant·es de SVT de l’académie de Créteil, visant à limiter la charge de travail des collègues en charge de cette discipline, disponible à cette adresse et salué notamment par cet article tout récent du Café pédagogique.
  • Stimuler le goût des mathématiques chez les élèves par la mise en place d’une épreuve certifiante en fin de première ? C’est le pari surprenant et un peu douteux que prennent les auteurs et autrices de la note d’information numéro 12 du CSEN, parue en juillet dernier. Affichée comme un moyen de redonner une culture scientifique et mathématique au plus grand nombre, elle apparaît surtout comme une nouvelle manière de renforcer l’appréhension suscitée par les mathématiques chez de plus en plus d’élèves. Et après le fiasco de la mise en place d’épreuves anticipées d’histoire-géographie au baccalauréat 2012, on ne peut qu’appréhender le résultat de cette nouvelle expérimentation dont les élèves et les enseignant·es feront une fois encore les frais.
  • Le 25 juin dernier, la commission Education, Culture et Communication du CESE a rendu son avis concernant l’École en France. Dans un rapport intitulé « Réussite à l’École, Réussite de l’École », qui fournit conclusions et préconisations, le constat est sans appel :  « Dans un contexte politique incertain, la question de l’éducation des futures générations paraît plus que jamais fondamentale » et, pour reprendre les termes de cet article complet et intéressant du 27 juin paru sur le site du Café pédagogique, « il est urgent de placer les questions éducatives au cœur des enjeux actuels ». Pour ce faire, il faudrait encore qu’un gouvernement effectif soit nommé, mais espérons que ce n’est plus qu’une question de jours, et que les nouveaux ministres seront prendre l’ampleur du chantier à mettre en œuvre à différents niveaux : en effet, selon le rapport du CESE, « l’École est à l’image de notre société actuelle : fracturée et inégalitaire. L’âge d’or d’une école égalitaire est un mythe, tout comme l’idée que l’École puisse corriger, à elle seule, les aspects les plus négatifs de la société ».
  • La CORFEM met à disposition à cette adresse la synthèse des échanges ayant eu lieu concernant la réforme de la formation des enseignant·es dans le cadre de son 30e colloque : un document très instructif à mettre entre toutes les mains.
  • Les modalités de travail et d’études dans l’enseignement supérieur public continuent à se dégrader, qu’il s’agisse des processus de candidature et d’inscription, comme mentionné dans cette dépêche AEF du 5 juillet🔒, ou dans la réelle mise en œuvre de l’autonomie des universités, faute de moyens adaptés, comme on l’apprend dans cette interview de Martial Martin publiée par AEF info le même jour🔒.
  • Des stages MathsC2+ à l’Université Clermont-Auvergne : on en parle dans l’édition du 9 juillet du journal La Montagne.
  • Inauguration du laboratoire de mathématiques de l’École des Trois Vallées, à Messeix : c’est encore dans le journal La Montagne (du 8 juillet, cette fois) que ça se passe.
  • Un quart d’heure par jour pour progresser grâce à Nicolas Herla, créateur de la chaîne YouTube « JaicomprisMaths » et du site jaicompris.com : pour en savoir plus, direction cet article publié le 6 juillet dans les colonnes du journal Le Parisien.

À l'honneur

In memoriam Haïm Brézis et Pierre Cartier

L’été 2024 voit la disparition de deux mathématiciens ayant, chacun dans leur domaine, marqué leur époque. Le mois de juillet a vu partir Haïm Brézis, dont le décès en date du 7 juillet a été annoncé dès le lendemain dans un communiqué de la SMF.

Portrait de Haïm Brézis

Haïm Brézis (1944 – 2024)

L’édition du 13 juillet du journal Le Monde contient un article plus consistant, rédigé par deux de nos collègues mathématiciens, qui rendent un bel hommage à ce spécialiste d’analyse fonctionnelle, dont l’ouvrage du même titre a servi à bien des étudiants de master de porte d’entrée dans le domaine.
Un mois plus tard, c’est un algébriste d’envergure, et ancien contributeur d’Images des mathématiques, qui tirait sa révérence : Pierre Cartier nous a en effet quitté·es le 17 août dernier, à l’âge de 92 ans.

Pierre Cartier au tableau à l'IHES

Pierre Cartier (1932 – 2024)

Tandis que de nombreux hommages individuels lui ont été rendus sur les réseaux sociaux, à l’instar de celui posté par Roger Mansuy, d’autres l’ont été de manière accessible au grand public : l’édition du 19 août du journal Le Monde contient par exemple un article complet (mais réservé en partie aux abonné·es) en mémoire de ce pilier du groupe Bourbaki dans les années 60-70, et l’Institut des Hautes Études Scientifiques (IHES) publie sur son site un hommage à ce mathématicien à la curiosité insatiable et dont le sourire lumineux et les questions nombreuses nous manqueront très certainement.

Olympiades internationales de mathématiques : félicitations aux équipes française, algérienne… et artificielle !

Les Olympiades Internationales de Mathématiques (IMO) se sont déroulées à Bath (Royaume-Uni) du jeudi 11 juillet 2024 au lundi 22 juillet 2024. Cette compétition de mathématiques estivale réunit chaque année des équipes issues d’une centaine de pays, chaque équipe étant constituée d’au plus six élèves de moins de 20 ans n’ayant pas commencé leurs études supérieures. Si certaines nations sont des habituées de longue date de ce rendez-vous annuel, d’autres n’y participent que depuis quelques années, et sont parfois des outsiders bien méritants.

Pour l’édition 2024, nous adressons toutes nos félicitations à l’équipe française, arrivée 21e; parmi 108 pays participants, qui signe ici son meilleur résultat depuis 30 ans. Sur X (anciennement Twitter), l’association Animath, qui organise la Préparation Olympique Française de Mathématiques (POFM) souligne les performances des six membres de l’équipe française, qui rentre avec 1 médaille d’or, 3 médailles d’argent, 1 médaille de bronze et 1 mention honorable.

L’équipe (100% masculine) de France 2024 des Olympiades internationales de mathématiques

La France n’est pas le seul pays à avoir obtenu d’excellents résultats, et nous souhaitons par exemple signaler cet article de la Nouvelle République, qui met en avant les “résultats honorables” obtenus par l’Algérie lors de cette compétition, et notamment par Chamseddine Abdelali, jeune bachelier qui apporte à son pays la première médaille d’or de son histoire. Selon le communiqué du ministère de l’Éducation nationale algérien, repris par le journal susmentionné, l’Algérie a décroché «pour la première fois depuis son adhésion à cette prestigieuse compétition internationale une médaille d’or obtenue par l’élève Derrache Chamseddine Abdelali, faisant de l’Algérie la seule nation arabe et africaine à avoir décroché une médaille d’or lors de cette édition». Toutes nos félicitations à ce jeune homme, ainsi qu’à tou·tes les autres participant·es (majoritairement masculins, une fois encore) à cette 65e édition des OIM… y compris aux deux petites nouvelles, AlphaProof et AlphaGeometry2 !

En effet, Google a utilisé les exercices proposés lors de ce concours pour tester deux de ses nouveaux modèles d’IA : AlphaProof et AlphaGeometry 2. Selon l’édition du 25 juillet du journal Le Parisien : « Dans le détail, AlphaProof a résolu deux problèmes d’algèbre et un problème d’arithmétique, tandis qu’AlphaGeometry 2 a résolu un problème de géométrie », ce qui leur vaudrait, selon le barème de cette édition, une médaille d’argent : plutôt impressionant ! Selon le communiqué de presse de l’entreprise, le système AlphaProof est basé sur un système d’apprentissage par renforcement qui « s’entraîne à prouver des énoncés mathématiques dans le langage formel Lean. » L’article du 7 août publié par le site d’information canadien Les News est un peu plus nuancé que son confrère francilien, notamment par l’intervention pertinente de Sir Timothy Gowers quant aux limites de la comparaison humain/machine. Ne serait-ce que, par exemple, l’intervention humaine a été nécessaire pour « traduire en Lean » les énoncés mathématiques proposés aux candidat·es humain·es avant que les IA ne puissent commencer à travailler à leur résolution.
Ce n’est pas la première fois que Google DeepMind fait travailler ses créations sur les exercices d’olympiades. Le 17 janvier dernier, un communiqué de presse de l’équipe  (ainsi qu’un article paru à la même époque dans Nature) annonçait que la première version d’AlphaGeometry avait réussi à résoudre dans le temps imparti 25 des 30 problèmes de géométrie issus d’olympiades précédentes qui lui avaient été soumis.

Toujours plus de distinctions estivales

Cet été a vu de nombreuses remises de médailles, distinctions et autres récompenses pour contributions diverses aux mathématiques et à celles et ceux qui les font.
Dans le lot, nous souhaitons adresser tout d’abord nos chaleureuses félicitations au Plan de Conservation partagée des périodiques imprimés de Mathématiques (PCMath), qui a reçu la Médaille du Cristal Collectif 2024 du CNRS. À l’heure où le numérique est omniprésent, on tend à oublier (voire à sous-estimer) l’importance de la préservation des bibliothèques de mathématiques, particularité remarquable dans le paysage de la recherche française, et des imprimés qu’elles conservent depuis parfois plusieurs siècles. Elles sont structurées à l’échelle nationale au sein du RNBM (Réseau National des Bibliothèques de Mathématiques), qui nous a proposé au début du mois d’août un article accessible et fouillé sur le rôle et l’histoire de ces lieux fondamentaux pour la pérennité de la recherche mathématique, et de la pratique de cette science incontournable.

le logo du projet PCMath

Cet été 2024 est aussi celui où la Société Mathématique Européenne (SME, ou EMS) a tenu à Séville la neuvième édition de son congrès, du 15 au 19 juillet dernier. Tandis que l’INSMI se félicite de la bonne représentation de la communauté mathématique française lors de cet événement, la SME a récompensé, comme à chaque édition de ce congrès, 10 jeunes mathématicien·nes (de moins de 35 ans) pour leurs contributions remarquables à leurs domaines respectifs. Dans son édition (assez peu lisible, pour être honnêtes) du 16 juillet, Libre Média choisit de féliciter tout spécialement les deux lauréates italiennes (Cristiana de Filippis et Maria Colombo), mais il serait injuste de ne pas féliciter tout aussi sincèrement les huit autres récipiendaires de ce prix parfois présenté comme « l’antichambre de la médaille Fields« . Rendez-vous dans 2 ans pour vérifier si cette appellation est réellement pertinente !

De retour en France, nous ne pouvons laisser passer l’occasion de féliciter Houria Lafrance, professeur de mathématiques à la tête de l’association Maths en Scène (dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises dans cette revue de presse), et Claire Voisin, mathématicienne que l’on ne présente plus et invitée récurrente de cette rubrique de la revue de presse (pour notre plus grand plaisir), pour avoir respectivement reçu le grade de chevalier et celui de commandeur de la Légion d’honneur. Outre l’annonce parue par le communiqué officiel du 9 juillet, l’une et l’autre ont occupé une place importante dans les médias : la première a eu l’honneur d’un article de l’édition du 25 juillet de La Dépêche, après s’être confiée au micro d’Hélène Delye pour le podcast « L’oreille mathématique » de l’Institut Henri Poincaré; quant à la seconde, elle côtoie Amin Maalouf, Michel Drucker, Elisabeth Borne, Virginie Efira ou encore Jean Reno dans les grands titres des journaux de tout le pays, tels Le Parisien, Ouest-France (qui a choisi le portrait de Claire Voisin comme en-tête de son article, rien de moins), Le Télégramme, Le Monde ou encore Le Figaro.

Claire Voisin, l’une des 13 commandeurs de la Légion d’honneur de la promotion 2024

Et aussi, cet été...

Toujours plus de récompenses

  • André Boileau, professeur canadien à la retraite, reçoit le prix Adrien-Pouliot 2024, décerné par la Société Mathématique du Canada en reconnaissance d’une contribution importante et soutenue à l’enseignement des mathématiques : à retrouver dans les actualités du début du mois de juillet du site de l’Université du Québec à Montréal , ainsi que sur le site de la SMC.
  • Michèle Vergne, directrice de recherche émérite à l’IMJ-PRG (Paris), est la nouvelle lauréate de la médaille Weyl-Wigner, comme nous l’apprend en date du 20 août 2024 le site de l’Académie des Sciences, dont elle est membre depuis plus de 25 ans.
  • Toutes nos félicitations à Philippe Pajot, rédacteur en chef du magazine trimestriel La Recherche dont la rubrique mathématique est de haute qualité, qui s’est vu décerner en juillet 2024 le prix Jean Perrin 2023. Décerné par la Société française de physique, ce prix récompense « un effort particulièrement réussi de popularisation de la Science » et pour cette édition, le jury indique que son choix est une « reconnaissance à la presse scientifique de qualité, indispensable pour continuer à inspirer et éclairer les esprits curieux de notre siècle » à un moment où « la presse – et plus particulièrement la presse scientifique – traverse une crise d’une ampleur inégalée, alors même que son existence est cruciale dans un monde où les choix sociétaux ont une composante scientifique considérable, et où la désinformation cherche partout à se frayer un chemin.»
  • Ruben Louis, jeune mathématicien haïtien, remporte le prix de la meilleure affiche lors de la conférence Poisson 2024 à Naples, et se confie au journaliste de Juno7 dans un article paru le 21 juillet dernier. Son affiche, ainsi que celles des autres participant·es, sont disponibles sur le site de la conférence.
  • Roland Malhamé voit ses travaux en théorie des jeux à champ moyens récompensés par le prix Isaacs 2024, la récompense la plus prestigieuse de l’International Society of Dynamic Games : à retrouver dans les actualités de juillet de l’École Polytechnique de Montréal.
  • Bernard Cockburn, Daniele Di Petro et Alexander Ern ont reçu en juillet dernier à Pékin un Frontiers in Science Award in Mathematics pour leurs travaux récents en analyse numérique : à retrouver dans les actualités estivales de l’Université de Montpellier
  • La fournée 2024 des nominé·es à l’Institut Universitaire de France est parue dans le courant de l’été, et les collègues mathématicien·nes qui en font partie ont été recensé·es dans cet article du CNRS : toutes nos félicitations à elles et à eux !
  • Échecs et Mat(hs) pour Anaëlle Afraoui, titulaire du titre de Maître de la Fédération internationale des échecs depuis 2018, et actuellement en master Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation après une licence d’électronique. À l’occasion de la journée mondiale du jeu d’Échecs, le 20 juillet, la jeune femme se confie au micro de la Maison Poincaré dans un entretien d’une dizaine de minutes . Elle parle en particulier des liens entre mathématiques et jeu d’échecs, et de la sous-représentation des femmes dans ces deux domaines.

Diffusion

Ouverture du musée Fermat : enfin accessible à toutes et à tous !

Le Musée Fermat, dont nous avons eu l’occasion de vous parler à plusieurs reprises dans cette revue de presse, a ouvert ses portes le 6 juillet 2024 à Beaumont-de-Lomagne, et il a déjà les honneurs des guides touristiques comme Le Petit Futé ! Dédié au célèbre mathématicien Pierre de Fermat, ce musée propose de vivre, selon les termes du Comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie, une « fascinante aventure à travers des salles chargées d’histoire, où chaque exposition vous invite à découvrir les mathématiques autrement en vous permettant de vous émerveiller devant les applications concrètes des mathématiques tout en admirant un patrimoine architectural unique. »
L’édition du 4 juillet du journal La Dépêche propose même à ses abonné·es une visite en avant-première de ce musée et des différentes initiatives, incluant des activités et des événements temporaires, qui visent à y rendre les mathématiques accessibles et attrayantes pour tous les publics, y compris les familles et les enfants. Deux jours plus tard, ce même journal présente un contenu plus détaillé de ce que propose ce musée original, dont l’importance pour la valorisation du patrimoine local et et la diffusion de la culture scientifique en Occitanie est déjà notable et remarquée par exemple par le site Actu.fr 🔒. France 3 Occitanie insiste de son côté sur la manière dont ce lieu met également en lumière l’histoire du théorème de Fermat et les liens entre mathématiques et arts, offrant une expérience enrichissante qui allie histoire, science et tourisme.

Le Championnat international de Jeux Mathématiques (CIJM)

Comme mentionné à la une de cette édition de la revue de presse, la trente-huitième édition de la finale du Championnat international de Jeux Mathématiques s’est déroulée les 24 et 25 août à l’École Polytechnique . Parrainée par Hugo Duminil-Copin, elle a regroupé 533 concurrent·es, “de sept à soixante-dix-sept ans” et originaires de 14 pays différents, et a bénéficié d’une couverture médiatique plutôt satisfaisante. On peut par exemple mentionner cet article de mesinfos.fr publié le 23 août dernier, le reportage qui lui a été consacré par France 3 Île-de-France dans l’édition du 25 août (à partir de 16min37), ou encore cet article de France TV Info qui est revenu sur l’événement au lendemain de sa clôture.
Cette année a vu la multiplication d’initiatives en faveur de l’égalité des genres en mathématiques portées par ENGIE, l’un des partenaires financiers du championnat, à l’image de la Coupe de France ENGIE des Lycéennes. Il semblerait que cela ait porté ces fruits puisque, comme le souligne cet article publié sur le site de l’IHES : “avec plus de 40 % de participation féminine au championnat français, l’événement affiche une proportion significativement supérieure à celle des filles dans les filières scientifiques en France.” De quoi susciter des vocations sur le plus long terme ? Croisons les doigts…
Lors de la cérémonie de clôture, qui permet de récompenser les lauréat·es de chaque catégorie, les participant·es français·es ont eu l’occasion de se distinguer. Cependant, pour toutes et tous, l’important n’est pas de gagner, mais de participer … et surtout de s’amuser. Car comme l’a rappelé Hugo Duminil-Copin à plusieurs reprises : on peut prendre du plaisir à faire des maths, exactement comme on en prend à faire de la musique, du sport ou d’autres hobbies ! Pour celles et ceux d’entre vous qui souhaiteraient découvrir les sujets proposés lors de ces deux journées de finale, il suffit de se rendre à cette adresse. Amusez-vous bien !

Et aussi, cet été...

  • La SMF a sorti en juillet dernier un très joli numéro spécialement dédié à la diffusion des mathématiques. Intitulé Ateliers clefs en main, on peut en consulter la table des matières et l’éditorial à cette adresse. Pour vous procurer le fascicule complet, il vous suffit d’adhérer à la SMF !
  • Le Vieux-Port de Marseille a accueilli le Souk des Sciences le 10 juillet dernier : divers ateliers et des animations à destination du grand public visaient à promouvoir la culture scientifique, et mettaient notamment les mathématiques à l’honneur avec des stands interactifs accessibles à tout·es.
  • La Maison Poincaré a publié sa première étude d’impact après son premier semestre d’ouverture, soulignant son influence sur la diffusion des mathématiques. Une infographie en résume les principaux résultats, et est accompagnée d’un livret pédagogique à destination des enseignant·es.
  • La réunion du 5 juillet de la commission de l’APMEP était un peu particulière, puisqu’elle a accueilli l’équipe de « La Grande Aventure des Maths », et a permis des échanges interactifs avec les internautes, dans le but d’explorer des méthodes innovantes pour enseigner les mathématiques. Un article spécialement dédié à cet événement est disponible sur le site de l’association.
  • Des retards de visa à l’origine de l’absence de l’équipe du Maroc aux Olympiades internationales de mathématiques, d’après l’édition du 22 juillet du journal marocain Challenge. Cela n’a pas empêché sa participation remarquée aux olympiades africaines de mathématiques, qui se sont tenues à Johannesburg du 10 au 20 août dernier, comme le rapportent le journal L’économiste et le site d’informations en ligne Menara.
  • Les lauréates de la 18e édition du concours Miss mathématique reçoivent leurs récompenses : le détail des participantes ayant été récompensées est à retrouver sur cet article du site d’informations en ligne Abidjan.net
  • Le programme PromoScience du CRSNG et la plateforme « Explorez la Magie des Maths » de l’Université Laval proposent de transmettre la magie des mathématiques aux plus jeunes à travers diverses ressources éducatives et des activités ludiques.
  • A Bourganeuf, un DéfiMaths pour mobiliser la communauté locale autour de défis ludiques et éducatifs, renforçant les liens sociaux à travers la résolution de problèmes mathématiques : l’édition du 3 juillet du journal La Montagne nous présente ce projet solidaire original.
  • « Que disent vraiment les mathématiques du réel ? » C’est une question difficile à laquelle cet article de The Conversation, daté du 21 juillet, tente d’apporter des éléments de réponse.
  • La chaîne YouTube Médématiques, dédiée à la vulgarisation des mathématiques, a passé la barre des 50 000 abonné·es : elle est l’objet de cet article du Progrès, daté du 20 juillet dernier.
  • La deuxième édition du festival « Esprits curieux », qui s’est tenue à Val d’Isère au début du mois d’août, a mis à l’honneur les mathématiques. Pour en savoir plus sur ce jeune événement qui rencontre déjà un succès effectif, direction cet article de Radio-tv Val d’Isère, en date du 20 août.

Parutions

En librairie

Il y a deux ans, la parution chez Gallimard de « Récoltes et Semailles », d’Alexandre Grothendieck, a eu un retentissement considérable dans le monde de l’édition. La sortie très attendue, ce 30 août, de son pendant existentiel, « La Clef des songes ou Dialogue avec le bon Dieu», devrait susciter un émoi au moins aussi grand. Rédigées en 1987-88 et restées jusque-là inédites, ces pages sont longtemps restées inaccessibles, au sein des archives familiales. Le texte publié sera suivi d’une postface de Laurent Lafforgue, qui portera sur la notion de vérité chez Grothendieck, et nous pouvons gager que nous aurons l’occasion d’en reparler plus en détail dans la prochaine édition de la revue de presse !

Dans un registre radicalement différent, Florie et Yvan Monka, dont la chaine YouTube compte quelque deux millions d’abonnés, se sont associés avec les éditions Nathan pour publier le « Guide Monka : les Maths, tout le monde peut y arriver ». Constitué de cinq ouvrages différents (un manuel par année, de la 3e à la Terminale, et un guide pour les adultes désirant se « remettre aux maths ») et de quelque 600 exercices corrigés qui s’appuient sur les quelque 150 vidéos mises en ligne sur la chaîne « Maths et tiques » de l’auteur, il a déjà fait l’objet d’une présentation en ligne sur cette même chaine, mais nous n’avons pas encore relevé d’autres retours sur ces titres récemment publiés : peut-être en saurons-nous plus dans quelques semaines !

En kiosque

La rubrique mathématique de l’édition estivale du trimestriel La Recherche nous propose un entretien passionnant🔒 avec la mathématicienne Claire Voisin. Signé par Philippe Pajot, rédacteur en chef du magazine et auteur de Parcours de mathématiciens (dont nous avions fait une recension lors de sa parution), on y (re)découvre le parcours et les nombreuses distinctions de cette scientifique hors du commun, qui se dit flattée, mais plutôt embarrassée « notamment vis-à-vis des hommes du même niveau ou même meilleurs, qui reçoivent finalement peu de prix voire aucun ». L’essentiel de cette interview très riche porte sur la nature des travaux de Claire Voisin, sur sa vision des mathématiques et sur les grands bouleversements qu’a vécu la géométrie algébrique au XXe siècle, et permet de ressentir sans aucune ambiguïté possible la passion des mathématiques qui porte cette mathématicienne, et qui la portera manifestement encore longtemps.

L’infini… ou les infinis ?

On sait bien que l’infini des mathématiciens n’est pas le même que celui des physiciens ou des philosophes. Dans le numéro d’août du magazine Pour la Science, la rubrique mensuelle Logique et Calcul de Jean-Paul Delahaye promène son lectorat parmi les questions et problèmes que l’on rencontre dès lors que l’on introduit l’infini dans la théorie du calcul🔒. Ces problèmes sont notamment importants pour les physiciens, car si l’on en croit l’auteur : « La physique et le calcul entretiennent des relations compliquées, que l’on n’a pas encore réussi à rendre parfaitement claires. Il faut, pour cela, blâmer l’infini, qui ne gêne guère les mathématiciens mais qui trouble gravement les physiciens. Par certains aspects, la question est presque aussi philosophique et épistémologique que proprement scientifique». On ne vous en dit pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de votre lecture !

Le numéro de septembre de ce mensuel n’aura exceptionnellement pas de rubrique « Logique et Calcul » car la rédaction a exceptionnellement choisi de classer la contribution de Jean-Paul Delahaye, intitulé « Vivons-nous dans une simulation ? La thèse de l’illusion se précise»🔒, dans la rubrique « Science et fiction » de la revue. Au programme : marionnettes et super-ordinateurs, civilisations et êtres supérieurs, dans un mélange de mathématiques, de philosophie et de science-fiction qui devrait happer un lectorat assez large.

Exemple de pavage d’Ammann-Beenker, au coeur des Échos des Labos du numéro de septembre de Pour La Science

Dans le numéro de juillet de la revue Science et Vie, Charlotte Mauger nous livre un article passionnant et agréablement illustré : « La science derrière la victoire sportive : gagner grâce aux maths »🔒. Nous déclinons toute responsabilité quant au déclenchement, suite à la lecture de cet article, d’une irrépressible envie de (re)lire l’ouvrage d’Amandine Aftalion : « Pourquoi est-on penché dans les virages ? Le sport expliqué par les sciences en 40 questions», dont nous vous parlions encore au début de cette édition de la revue de presse. Vous pourrez profiter un peu plus de la plume de Charlotte Mauger dans le numéro de septembre de la même revue. Elle y signe en effet un article dans la rubrique « Échos des Labos », intitulé « Le meilleur chemin pour visiter un quasi-cristal», qui présente des cycles hamiltoniens dans les pavages d’Ammann-Beenker. Ce sujet est par ailleurs abordé dans cet article de Trust My Science daté du 8 juillet, qui présente comment une équipe helvéto-britannique de physiciens a construit le labyrinthe le plus complexe du monde en utilisant des principes de géométrie et… du jeu d’échecs.

Et aussi, cet été...

  • Retour en arrière chez Gallimard : en février 2024, la maison d’édition publiait « Les chaînes de Markov», de Noham Selcer. À l’occasion des chroniques littéraires estivales, ce roman revient sur le devant de la scène, que ce soit dans le Nouvel Obs du 3 juillet🔒, qui en publie une critique élogieuse, ou dans l’Œil d’Olivier qui trouve ce livre délectable et estime que « l’ancien mathématicien, sorti de l’École du Nord en 2021, fait une entrée très prometteuse dans le monde de la littérature française». Au vu de ce succès critique🔒 qui ne se dément pas, peut-être aura-t-on l’occasion de reparler de ce titre lors de la saison des prix littéraires ? Affaire à suivre…
  • Dans le numéro 929/930 de Sciences et Avenir, on s’interroge : à l’instar des problèmes de Hilbert ou de la conjecture de Goldbach, « Pourquoi certains problèmes résistent-ils encore ?»🔒
  • Un cahier de vacances pour adultes reprenant les codes de la presse people pour proposer des contenus mathématiques ? C’est le pari fait par les éditions Hachette en publiant cet été « (Pi)-pole : cahier de vacances spécial maths » : opération marketing pour renforcer les idées reçues sur une matière considérée comme peu glamour, ou bonne idée pour faire sortir la discipline des sentiers battus ? Rendez-vous dans les mois qui viennent pour un retour sur le produit, peut-être par vos soins !

Histoire des mathématiques

Dans les pas des géant·es des mathématiques sous différentes formes

Dans le cadre de son partenariat avec le site d’information The Conversation, France Inter a consacré quelques minutes, le 17 août dernier, à présenter une série de portraits publiés quotidiennement sur ce site durant la dernière semaine de juillet. Intitulée « Visionnaires des maths », elle présente « des esprits brillants qui ont révolutionné, entre autres, les mathématiques, mais qui ont aussi bien souvent vécu des vies hautes en couleurs». Qu’il s’agisse (par ordre de publication des portraits) d’Emmy Noether, de Kurt Gödel, d’Alan Turing, de Paul Dirac ou encore d’Ada Lovelace, on ne peut qu’adhérer à cette description, tant ces cinq personnes ont marqué de manière indéniable le monde mathématique tout en ayant une vie et une personnalité hors du commun.

Autre chaine de radio, autre géant des mathématiques. Comme nous vous l’annoncions dans l’édition précédente de la revue de presse, France Culture a dédié sa Grande Traversée de l’été à Alexandre Grothendieck, mathématicien iconique s’il en est. En cinq épisodes d’une heure, Marie Durrieu nous permet de (re)découvrir les grandes étapes de la vie de cet apatride antimilitariste et écologiste convaincu qui révolutionna les mathématiques et passa les dernières années de sa vie en ermite reclus, ainsi que des ressources méconnues qui méritent d’être étudiées par le plus grand nombre, à l’heure où les questions importantes soulevées par cet homme trop en avance sur son temps sont brûlantes d’actualité.

« Le cerveau des mathématicien·nes est-il si particulier ? » et autres idées reçues… à tort !

Dans sa chronique quotidienne pour France Inter, intitulée Une idée dans la tête, le neuroscientifique Stanislas Dehaene aborde différentes questions liées au développement du cerveau chez l’humain, à tout âge. Durant la semaine du 5 août, il a choisi d’axer ses interventions sur… le cerveau des mathématiciens, et plus particulièrement sur quelques mythes infondés qu’il tente de déboulonner : celui de la bosse des maths et du cerveau des « grands mathématiciens », de l’impossibilité présumée pour certaines catégories de personnes de faire des mathématiques (non voyantes ou femmes, par exemple), ou encore des extrêmes calculatoires représentés par les dyscalculiques et les calculateurs prodiges. A noter que les épisodes de la semaine précédente (celle du 29 juillet) abordaient quant à eux des questions en lien avec l’arithmétique et la numération : de quoi se brosser les dents de manière instructive et parfois surprenante !

Et aussi, cet été...

  • Dans un article du 24 août réservé à ses abonné·es, Sciences et Avenir🔒 nous propose de (re)découvrir quelques points importants de la vie et l’œuvre de Blaise Pascal, « orfèvre du calcul».

Maths et Arts

La mathémusique est à l’honneur cet été !

Nous vous parlions dans la précédente édition de la revue de presse du lancement d’un nouveau projet éditorial par l’INSMI, intitulé « Maths & Musique », dont le premier article, écrit par Moreno Andreatta, avait été publié à la fin du mois de juin. Le deuxième article et le troisième sont désormais disponibles ! Joliment écrit par Dominique Manchon, chargé de recherche à Clermont-Ferrand, le deuxième opus nous permet de découvrir de manière mathématique la notion de tempérament d’un instrument à clavier, chère à nombre de compositeurs, J.S. Bach en tête. Quant au troisième (et dernier en date à ce jour), il est dû à Marc Chemillier, directeur d’études à l’EHESS, et nous conduit sur les routes de l’improvisation musicale… par ordinateur ! Théorie de Fourier, combinatoire et Aya Nakamura se côtoient dans un article surprenant et très intéressant.
Notez par ailleurs que vous pouvez retrouver la liste des articles de la série parus jusqu’ici en cliquant sur ce lien, qui reprend aussi la ligne éditoriale de ce projet fort instructif !

Un nouveau projet éditorial de l’INSMI

Même intitulé pour le podcast estival de France Musique, qui a vocation à réconcilier son auditoire avec les mathématiques. En huit épisodes de quelques minutes, diffusés chaque mercredi matin à 8h10, Pierre-Yves Georges met en exergue quelques liens parfois méconnus entre deux disciplines que l’on tend souvent (à tort) à opposer. De Pythagore à Pierre Boulez, en passant par Bach, Ansermet ou Einstein, c’est un plaisir d’écouter et de réécouter ces courtes pastilles qui donnent envie d’en savoir plus.

Danse et mathématiques : un mélange pas si étrange

L’édition du 16 juillet du journal canadien La Liberté nous présente la troupe de danse Broken Rhythms, originaire de Vancouver, qui marie avec succès danse et mathématiques. Leur spectacle, intitulé « 1,000 Pieces of π », s’articule autour des 1000 premières décimales du nombre π, que la chorégraphe a réussi à apprendre par coeur en associant chaque chiffre à un mouvement de danse. Nous ne vous en disons pas plus pour vous laisser le plaisir de la lecture, mais cette jolie découverte, qui n’est pas sans rappeler le projet « Danse tes maths » de notre collègue stéphanoise Lara Thomas, mérite que l’on s’y attarde un peu !

Mode et mathématiques : bienvenue dans le monde d’Iris Van Herpen

C’est un article publié le 1er août dernier sur le site The Conversation, et repris par le site d’informations en ligne Echo Sciences – Grenoble, qui nous permet de découvrir comment l’artiste néerlandaise Iris Van Herpen mêle les technologies numériques de pointe aux traditions du monde de l’artisanat pour créer une mode très particulière à tous points de vue. Considérée comme « l’une des créatrices de mode les plus visionnaires de sa génération » par le Musée des Arts décoratifs, qui lui a fait l’honneur d’une exposition tout au long du premier trimestre 2024, Iris Van Herpen fait intervenir de façon plus ou moins apparente certains concepts mathématiques dans la création de ses robes : turbulences, fractales, ou phénomènes d’échelles ont toute leur place dans son processus créatif. Un article passionnant, qui donne envie de découvrir le travail de cette pionnière de l’hybridation !

L’une des robes de la créatrice Iris Van Herpen

Pour finir

  • Les bébés nés pendant la pandémie de coronavirus vont effectuer leur première ou seconde rentrée scolaire, et ont déjà bien du retard, notamment… en mathématiques (identification des formes par exemple), d’après une étude états-unienne de cohorte rendue publique en juillet dernier, et reprise notamment par Slate dans un article du 3 juillet.
  • Il est encore temps de vous inscrire aux prochaines journées de l’APMEP, qui se dérouleront au Havre du 19 au 22 octobre prochain : il reste quelques places disponibles !
  • Pensez à marquer d’une belle croix rouge la date du jeudi 12 septembre : il s’agit du premier jour de l’ouverture au public de l’exposition « Comme par hasard  », dans les locaux de la Maison Poincaré, ainsi que du jour de sortie de la série «Céleste Harmonie », aux éditions Komikku : un manga en deux tomes qui nous mène sur les traces de la mathématicienne Sophie Germain ! Nous vous reparlerons vraisemblablement de ces deux événements dans la prochaine édition de la revue de presse, succès à prévoir oblige.

Commentaires

  1. Karen Brandin
    septembre 3, 2024
    14h03

    https://www.ihes.fr/hommage-cartier-connes/

    Un grand merci à Alain Connes pour cet hommage chaleureux et humain à la mesure de ce grand homme parti trop tôt. C’est étrange car je l’avais toujours imaginé centenaire ; il en avait l’étoffe, le rire et la carrure robuste. Il semblait indestructible. Il était venu quelques fois à l’IMB à Talence, près de Bordeaux, pour des séminaires, des colloquiums ou des colloques et j’avais été impressionnée bien sûr par la diversité de ses travaux tout d’abord comme par leur ampleur (ce n’était pas un mathématicien sectaire mais quelqu’un de généreux, d’ouvert, réellement curieux de tout : de mathématiques bien sûr, mais aussi de physique, de biologie). J’avais parfaitement conscience, bien que doctorante, que je ne serais jamais capable d’en saisir même une infime partie ou alors au prix d’intenses efforts.

    Impressionnée aussi par sa compréhension, presque l’intimité qu’il avait su créer, entretenir avec les objets mathématiques avec lesquels il semblait parfois dialoguer.

    Bref « en mathématique, » Pierre Cartier paraissait chez lui ; il était de “retour au pays” tout simplement. Peut-être « un pays dont on ne connaîtrait que le nom » suivant les mots de Grothendieck ; en tous cas, c’était le sien.

    On comprenait en l’écoutant qu’il ne serait jamais lassé d’en explorer les moindres recoins et qu’il vous invitait bien volontiers à le rejoindre dès lors que vous en émettiez le désir sincère. Alors, comme il nous prend parfois l’envie folle de visiter des appartements hors de prix, on avait juste envie de le suivre, même si c’était clairement “intellectuellement hors budget” ; juste pour voir quelque chose de beau. De beau et d’inaccessible.

    J’avais en outre été touchée (il y a vingt de cela mais c’est encore très présent), conquise par cet enthousiasme débordant, cette chaleur humaine portée haut par un regard clair, vif, pétillant. Il y avait un peu de malice, presque un peu de magie quand, simples étudiants, nous l’écoutions religieusement. Car il aimait partager. On le disait même intarissable. C’était un conteur, un passeur … Il comprenait le devoir comme l’urgence de transmettre, de léguer. C’est pour le monde des mathématiciens français notamment, comme pour le nôtre, celui des enseignants, une perte immense.
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Par exemple, on pourra écrire que sont les deux solutions complexes de l’équation .

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