Une petite histoire personnelle à propos d’un arbre magnifique qui se trouve sur le campus universitaire d’Orsay.
Il y a quelques semaines je me suis rendu à l’Université d’Orsay (Paris 11) pour y donner un séminaire. Certes, aujourd’hui, elle fait partie de l’Université Paris-Saclay, mais justement, mon histoire parle un peu du passé, et donc je retiens le nom sous lequel je l’ai connue quand je suis arrivé pour mon DEA 1 Diplôme d’Études Approfondies, maintenant appelé Master 2 Recherche. en 1999.
Pour moi c’était une occasion spéciale : je n’avais pas visité cette faculté depuis des années. En particulier, je ne connaissais pas le magnifique nouveau bâtiment de mathématiques.
Mais encore une fois, je voudrais revenir au passé, quand le laboratoire de mathématiques était « équiréparti » entre les bâtiments 425 et 430 un peu plus haut sur le campus. Et ceci juste parce qu’à coté de ces bâtiments se trouve un arbre magnifique…
À vrai dire, tout le campus est un jardin formidable. En me renseignant un peu, je découvre qu’il a été conçu de cette façon dès sa construction dans les années 60-70, où l’on a établi des accords avec des jardins botaniques du monde entier pour peupler d’un peu plus de vert l’endroit. On y trouve de nombreux arbres et arbustes remarquables, la plupart avec un petit panneau indiquant leur nom et leur origine. Il faut dire que, malheureusement, cette forêt a beaucoup souffert lors de la tempête de décembre 1999 (encore le passé…). Je me souviens en particulier d’un superbe sequoia californien qui se trouvait à l’entrée. On a dû le retirer quelques semaines après car il s’était un peu penché. La procedure fût néanmoins brutale : après avoir enlevé ses branches, on a coupé son tronc en tranches pour les mettre l’une après l’autre dans une immense machine de concassage de bois…
Eh bien, l’arbre qui se trouve juste à coté du bâtiment 425 (en sortant à gauche) c’est tout simplement un araucaria.
En me renseignant auprès d’anciens collègues forestiers2Avant d’entamer une licence de maths, je faisais des études en « ingénierie des forêts »., j’apprends que, vers la fin du XIXème siècle, de nombreux araucarias ont été emportés en France et en Angleterre depuis leur lieu d’origine, le sud de l’Argentine et du Chili (notamment les montagnes des Andes), un peu plus au nord de la Patagonie. On les a baptisés d’un nom horrible : « désespoir du singe » (monkey puzzle).
Mais en fait, même le nom « araucaria » 3Même si « araucaria araucana » c’est son nom scientifique. n’est peut-être pas le plus approprié. En effet, il s’agit d’une dénomination qui fait plutôt référence à la région où l’on trouve cet arbre (Arauco), alors que depuis des centaines d’années il est appelé « pehuén » par les locaux. D’ailleurs, les « pehuenche » sont un peuple millénaire qui continue, dans certains endroits, à vivre autour du pehuén. En particulier, la récolte des pignons (vers les mois d’avril et mai, c’est-à-dire en automne…) est une activité fondamentale pour leur survie en hiver. Enfin, si vous voulez voir à quoi ressemble une forêt de pehuéns, voici une superbe photo du Parc National Conguillío, avec un volcan au fond (Llaima).
Quand je suis arrivé en France, j’ai été vraiment surpris de voir des pehuéns non seulement sur le campus universitaire d’Orsay, mais aussi à Bures-sur-Yvette et… à Paris. En effet, il y en a même un à l’entrée du Muséum d’Histoire Naturelle dans le Jardin des Plantes ! Malheureusement, je crains que celui-ci ne soit atteint d’une maladie qui finira par le dessécher d’ici quelques années.
En voici un autre qui va beaucoup mieux, sur le campus universitaire de Rennes 1, où je suis aussi allé pour une petite rencontre mathématique. Il faut dire quand-même que les pehuéns croissent très lentement, et peuvent vivre jusqu’à 1500 ans…
Bref, peut-être que cette nostalgie vient en partie du fait que le site initial d’Images des maths va bientôt fermer (ou, du moins, être figé) pour donner lieu à cette nouvelle plateforme. Mais il faut avancer…
Post-scriptum
La photo du bâtiment est celle du site officiel du laboratoire de Mathématiques d’Orsay. Celle de la forêt a été prise sur ce site.
Je remercie Hélène Eynard-Bontemps pour sa relecture et ses corrections 😉 . Je remercie aussi Yves de Cornulier qui m’avait envoyé des photos du pehuén d’Orsay il y a environ 10 ans, mais que j’ai malheureusement perdu à cause du vol de mon ordinateur 🙁 .
Il est possible d’utiliser des commandes LaTeX pour rédiger des commentaires — mais nous ne recommandons pas d’en abuser ! Les formules mathématiques doivent être composées avec les balises .
Par exemple, on pourra écrire que sont les deux solutions complexes de l’équation .
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