Le jour le plus long, c’est le solstice d’été, vers le 21 juin. Le jour le plus loin du jour le plus long, c’est en gros six mois plus tard, quand le temps qui nous sépare du solstice d’été suivant devient inférieur à celui déjà écoulé. À vue de nez vers le solstice d’hiver, le jour le plus court.
Comme l’orbite de la Terre autour du Soleil ressemble à une ellipse, qui elle-même n’est pas très éloignée du cercle, qui lui-même est carrément une sphère de dimension 1, une tendance naturelle pousse à dire que le jour le plus loin d’un jour J « est à l’antipode de J ».
J’ignore au demeurant si les astronomes prennent en considération ces « antipodes », comment ils les baptisent, et à fortiori comment ils les définissent.
Il ne m’a pas échappé en revanche qu’ils étaient habiles à regarder un même objet sous les couleurs des lunettes les plus distinctes. C’est ainsi qu’une année peut être « tropique » (liée physiquement à l’orbite de la Terre autour du Soleil), « julienne » (365, 25 jours), « civile » (les 365 ou 366 jours du calendrier), etc.
Fort de leur exemple, vient d’abord à l’idée de laisser là l’antipode tropique pour considérer l’antipode julien. Après tout, ajouter à un jour J une demi-année julienne (modulo ladite année) satisfait au Premier critère d’efficience numérique (pouvoir expliquer le calcul à la cantine), et peut-être même au Second (pouvoir le faire de tête).
Mais quitte à se simplifier la vie, autant définir l’antipode d’un jour J par un décalage de 6 mois dans le calendrier. L’antipode de tel jour de tel mois est alors le même jour du sixième mois qui suit. L’antipode du 21 juin se trouve ainsi au 21 décembre. L’antipode de Noël se trouve lui au 25 juin, un jour doublement honni des enfants, d’abord parce que c’est le jour de l’année qui les sépare le plus d’un déballage de cadeaux sous le sapin, et ensuite parce qu’en cette période estivale s’ouvrent ces « grandes vacances » si propices à l’ennui et au désœuvrement que nos chères têtes blondes en regrettent déjà l’école et leurs devoirs chéris.
La première remarque qui vient à l’esprit, c’est que pour rendre un enfant heureux toute l’année, il faut lui offrir des cahiers de vacances d’été à Noël.
La seconde, c’est que partir aux antipodes pourra effrayer quelquefois. Le 31 mai, par exemple, mène directement au 31 d’un mois de novembre qui ne compte que 30 jours. C’est ce qu’on appelle une angoisse de fin de mois. Pour se les épargner, convenons dans ce genre de situation de faire un pas en avant, d’aller à l’antipode, et de faire un pas en arrière, c’est-à-dire de prendre la veille de l’antipode du lendemain. Le lendemain du 31 mai, c’est le 1er juin, qui a pour antipode le 1er décembre, qui a pour veille le 30 novembre. L’antipode du 31 mai tombe donc le 30 novembre 1En vertu de la règle précédente (éventuellement appliquée plusieurs fois), l’antipode des 29, 30 et 31 août tombe les 29, 28 et 29 ou les 26, 27 et 28 février selon que l’année est bissextile ou pas. Un amendement fixant d’autorité l’antipode des 29, 30 et 31 août au 28 février est parfaitement recevable..
En ce 1er octobre, nous sommes à l’antipode du 1er avril. Quand le poisson d’avril deviendra un très sérieux sujet d’étude, je suis sûr que les chercheurs concernés (historiens, sociologues…) tiendront leur Journée annuelle le 1er octobre. Aucun risque alors de passer pour des farceurs.
Et justement… Le 1er avril de l’année 1764 se produisit une éclipse de Soleil importante à plus d’un titre 2Ne serait-ce que parce qu’elle fut l’occasion d’éprouver les tables de la Lune auxquelles collaborait l’une des mathématiciennes les moins connues du monde.. L’Académie des sciences, qui jouait à l’époque un peu le rôle du CNRS aujourd’hui, était évidemment sur les dents et centralisait les observations qui provenaient de toutes les parties du royaume. Dont une qui la laissa quelque peu dubitative :
M. de Thuri [Cassini de Thury] a lu une lettre de Pankouët [Plancouët ?] en Bretagne sur une poule qui après avoir, dit-on, regardé très attentivement l’éclipse du premier avril a pondu un oeuf sur lequel on voit la figure de l’éclipse. Quelque peu de creance qu’ait paru susciter ce fait, M. de Thuri s’est chargé d’écrire à M. Abeille, correspondant de l’Academie, pour le prier de le vérifier 4Procès-Verbaux de de l’Académie des sciences, Paris, 1764, f. 205v.
22h57
Les Collègues algébristes de l’Université Jean-Monnet (Saint-Étienne) n’ont pas tergiversé et ont organisé les 1er et 2 avril 2011 un colloque intitulé : Déformations, Variétés de Poisson, Singularités (titre abrégé : Poisson Avril 2011).
Amicalement. FG
4h45
De quoi l’Académie est-elle le nom, aujourd’hui ?
Dans le dernier paragraphe avant la citation on peut lire :
« L’Académie des sciences, qui jouait à l’époque un peu le rôle du aujourd’hui, […] »
Je ne doute pas que l’Académie faisait la pluie et le beau temps et en plus donnait l’heure. En outre elle tenait un journal, rédigé à Paris, mais il était hebdomadaire et ne s’appelait pas « Aujourd’hui ». Donc la question subsidiaire que pose cet article, dans sa formulation badiesque ou badiouesque est bien :
« De quoi l’Académie était-elle le nom ? »
avec comme compagne :
« Par quoi est-elle aujourd’hui éclipsée ? »
et bien sûr :
« Quand il y a une coquille dans un article de l’Académie, quelle est la poule qui l’a pondu ? »
9h15
De quoi l’Académie est-elle le nom, aujourd’hui ?
Ce n’est pas une coquille, dans la mesure où le « CNRS » qu’il faut lire a bien été saisi. J’appellerais plutôt ça un « blanc ». Il doit résulter d’un problème technique lié à l’ajout automatique d’un lien. Je le signale illico à plus compétent que moi. Bien vu (pour ainsi dire) en tout cas.
16h44
Et voilà le bug réparé !